Le terme d’ « Industrie 4.0 » est un terme qui revient fréquemment dans les communications des acteurs du secteur, particulièrement lorsqu’il s’agit de présenter des innovations dans le domaine de la production industrielle. Simplement évoqué sans plus de précision, il pourrait rappeler à beaucoup celui de web 2.0 qui faisait référence à l’émergence du web social à la fin de la décennie 2000 ou au début de la décennie 2010, mais avec un petit côté prétentieux en plus, comme si l’industrie voulait se rendre plus sexy qu’elle ne l’est…
Pour autant, ce terme a une raison d’être bien réelle et fait référence aux 4 âges de l’ère industrielle. Loin d’avoir besoin de se cacher sous des tonnes de fard, l’industrie a donc en effet bien changé, et ses charmes (re)commencent à séduire de plus en plus de monde, comme en atteste l’étude réalisée à l’automne par la fondation Usine Extraordinaire.
Les 4 âges de l’ère industrielle

L’ère industrielle a donc connu des évolutions que l’on peut regrouper en quatre temps forts que l’on appelle communément des révolutions (n’ayons pas peur d’être emphatique ! 😁).

La première révolution industrielle correspond a l’évolution des sociétés qui s’est opérée entre le 18ème et le 19ème siècle, et qui les a fait passer d’un modèle principalement agraire et artisanal à une économie tournée vers le commerce et l’industrie. C’est la période qui a vu le charbon, et plus particulièrement son dérivé, le coke, devenir une source d’énergie particulièrement importante. Avec la maîtrise de la production de charbon se sont développés les hauts-fourneaux qui ont permis d’industrialiser le travail du métal. Le secteur textile n’était pas en reste puisque les métiers à tisser se sont fortement perfectionnés au cours de cette période. Le charbon fut également utilisé pour produire de la vapeur qui permit de mécaniser un certain nombre de systèmes et d’outils.

La seconde révolution industrielle, et probablement la plus connue, se déroule entre la seconde moitié du 19ème siècle et le début du 20ème siècle. Elle se séquence en différentes phases, et plusieurs évolutions majeures auront lieu. On peut notamment citer le développement fulgurant du chemin de fer, avec pour vocation première de déplacer le charbon vers des lieux d’exploitation et de transports (et notamment les ports fluviaux). C’est le cas par exemple de la ligne qui fut ouverte entre Saint-Etienne et Andrézieux en 1823, qui fut la toute première ligne de chemin de fer construite en France et la première en dehors du Royaume-Uni, et qui avait pour vocation de transporter le charbon jusqu’à la Loire d’où il partait ensuite pour être revendu ailleurs. Une autre phase importante de cette seconde révolution industrielle est la maîtrise de l’électricité qui a permis d’automatiser les productions. Mais si l’électricité a eu un impact non négligeable sur la capacité à produire plus, les économistes s’accordent aujourd’hui à dire que la dimension méthodologique a été au moins aussi importante dans l’avènement de cette seconde révolution industrielle dont le grand public retient principalement le concept de fordisme, du nom de son inventeur, Henry Ford. En effet, en découpant le travail dans son entreprise de fabrication d’automobiles, il réussit à dégager des gains de productivité importants et à se lancer dans de la production à grande échelle, créant par la suite des émules, quitte à ce que cela ait un impact négatif sur les conditions de travail des ouvriers, comme a pu le dénoncer Chaplin dans son film Les temps modernes.
La troisième révolution industrielle correspond à l’arrivée de l’informatique, dans les années 1970. Dans le domaine de l’industrie, l’informatique va accélérer le phénomène d’automatisation au détriment de la main d’œuvre peu qualifiée. L’informatique se diffuse par ailleurs dans tous les pans de la société, notamment dans les secteurs de l’information, de la finance et des télécommunications. Si la manière dont l’informatique a bouleversé la manière dont les places financières fonctionnent, pour en arriver au développement du trading à haute fréquence ces dernières années, je vous recommande chaudement la lecture de 6/5 par Alexandre Laumonier, aux éditions Zones Sensibles.
La quatrième révolution industrielle fait quant à elle référence au développement de l’internet des objets, de l’intelligence artificielle, des réseaux de télécommunication et à l’interconnection de différents systèmes entre eux. Lorsqu’elle s’applique à la production industrielle, on parle donc d’industrie 4.0. Au-delà de la dimension purement technique, ce terme recouvre également le fait que les acteurs du marketing se rapprochent fortement de ceux en charge de la production pour proposer toujours plus d’options de personnalisation au consommateur. Le fait que cette nouvelle révolution industrielle s’accompagne une fois de plus d’une couche d’automatisation supplémentaire pose avec encore plus d’acuité la question de la place de l’humain au sein de cette nouvelle organisation. Chez Wipsim, nous nourrissons l’intime conviction que l’humain reste essentiel dans la maîtrise de la production et que les innovations technologiques apportées par cette nouvelle révolution industrielles se doivent de venir en soutien à la prise de décision, mais ne peuvent en aucun cas remplacer le savoir-faire développé par les équipes.
Industrie 4.0, innovation, mais encore ?
Dès lors, il est tentant de résumer l’industrie 4.0 à de nouvelles évolutions technologiques de rupture. Pour autant, Il nous semble qu’au cours de ces quatre révolutions industrielles s’est opéré un changement fondamental dans les modes de production, et qui revêt deux caractéristiques principales.
La premier élément notable de cette évolution qui s’opère depuis le début de l’industrialisation de nos sociétés est le fait que nous ne cessons de tendre vers la production de produits toujours plus personnalisés. L’adaptation aux goûts du clients, le besoin de prendre en compte au mieux ses désirs ou l’expression de ses singularités sont autant d’éléments qui font que nous ne cessons de nous éloigner d’une production de masse pour tendre vers une production de produits présentant une très grande variabilité. Le cas extrême est celui où les industriels font face à des demandes de fabrication de produit sur-mesure. Certains de nos clients répondent ainsi régulièrement à des demandes de pièces uniques. Cela implique pour les industriels des changements dans le mode de production et l’évolution des méthodes. C’est pourquoi, chez Wipsim, nous sommes de plus en plus sollicités par des industriels confrontés à des gammes de produits complexes et variées et cherchant des alternatives aux méthodes traditionnelles pour continuer à travailler de manière efficace et maîtriser au mieux leurs flux de production.
Le second point qui nous semble caractériser ce changement profond qui s’opère depuis le début de l’ère industrielle est la réduction des délais de production. Le consommateur ne supportant plus d’attendre pour être servi, il faut que les industriels, en plus de fabriquer des produits ultra-personnalisés, les sortent de leurs usines dans des délais toujours plus courts.

Ces deux éléments combinés font que nous sommes passés de productions uniformes en grandes quantités à des productions variées en petite série, ce qui est particulièrement prégnant dans le cadre de l’industrie 4.0. Les outils permettant de suivre cette évolution de fond sont donc nécessairement différents de ceux que nous utilisions il y a quelques années encore. Si les ERP ont beaucoup changé, ils ne peuvent à eux seuls répondre entièrement à ce besoin, c’est pourquoi nous proposons chez Wipsim des outils complémentaires, tels qu’un simulateur de ligne de production ou un tableau numérique de gestion de ligne de production.
Il sera intéressant d’explorer plus en détails la manière de gérer ces systèmes toujours plus complexes, mais cela fera l’objet d’un futur article… 😉