Il est des parallèles qui peuvent surprendre, et pourtant, à bien y regarder, certains concepts trouvent des applications dans bien des domaines. C’est le cas notamment de la gestion de flux.
Les théories scientifiques qui sont à la base des méthodes de gestion de flux ont été pensées de manière empirique et peuvent donc s’appliquer à des secteurs très variés. Dans le cas du trafic routier comme dans celui de la production industrielle ou de la gestion d’un atelier de réparation, nous assistons à l’écoulement d’un flux. Ce flux est de nature différente selon le secteur, bien sûr ; pour le trafic routier il s’agira d’un flux de voitures ; pour une ligne de production ou de réparation il s’agira d’un flux de produits.
Mais soumis à des contraintes, ce flux réagit de manière similaire, et c’est ce parallèle qui est intéressant.
Le trafic routier, un flux poussé par nature

Pour la bonne compréhension de ce scénario, il me semble important de faire une petite parenthèse. Les scenarios qui suivent partent du principe que les automobilistes n’utilisent pas d’applications telles que Waze ou Google Maps permettant de connaître l’état du trafic et de proposer des itinéraires bis.
Si l’on considère un axe routier tel qu’une rocade ou une autoroute, on observe naturellement un comportement qui pourrait s’apparenter à un flux poussé. En effet, les véhicules s’engagent sur l’axe en question dès qu’ils ont besoin de l’emprunter, sans se poser la question de savoir dans quel état d’engorgement se trouve cet axe. Une fois engagés, ils se retrouvent coincés dans une file de voitures et n’ont plus qu’à attendre que le flux s’écoule pour pouvoir sortir de cet axe. Si l’axe est engorgé parce que trop de véhicules se sont lancés à sa conquête, ou parce que des incidents se sont produits, ceux-ci se retrouvent à devoir attendre avant de pouvoir avancer. C’est le principe du bouchon que chacun d’entre vous connaît bien pour l’avoir expérimenté à de nombreuses reprises.
Les imprévus qui peuvent survenir sont nombreux : accident, travaux induisant un rétrécissement des voies, animal sur la chaussée, etc… De la même manière, dans un contexte industriel, vous pouvez être confronté à une panne de machine ou à l’absence d’un collaborateur. Nous pourrions même aller plus loin en faisant le parallèle avec le monde hospitalier et l’écoulement d’un flux de patients dans un service qui se retrouverait perturbé par un effectif médical réduit par exemple.
Pour garantir un écoulement fluide du flux, il convient donc de s’orienter vers une approche en flux tiré.
Comment passer le trafic routier en flux tiré ?

Dans le cas du trafic routier, il ne sera pas possible de passer complètement sur une approche en flux tiré qui suppose la mise en place d’un nombre de tickets limités et la création d’une salle d’attente. Cependant, certains fondements scientifiques de l’approche en flux tiré peuvent être repris avec succès.
Le plus important d’entre eux est le concept de théorie des contraintes. Cette théorie suppose le caractère inévitable des aléas. Quel que soit le parcours à effectuer, il y aura forcément des tronçons ou l’on pourra rouler à vitesse normale, d’autres plus vite, et enfin nous nous verrons imposer une vitesse réduite sur certains autres. C’est pareil sur une ligne de production, certaines opérations nécessitent plus de temps que d’autres pour être réalisées.
L’application de la théorie des contraintes dans le passage à une méthode en flux tiré suppose que l’on dimensionne la taille du flux sur la capacité du tronçon le plus « limitant ». Sur une ligne de production ou de réparation, c’est relativement simple : nous allons émettre un certain nombre de tickets permettant d’engager sur la ligne un nombre restreint de produits afin de garantir que ne se crée pas de file d’attente sur ce poste « limitant ». Ainsi, le flux restera fluide, et nous serons en mesure de maîtriser les temps de traversée.
Si l’on reprend notre exemple du trafic routier, cette application sera sensiblement différente, mais la philosophie sera la même. L’idée sera de limiter la vitesse de circulation des véhicules engagés sur notre axe pour faire en sorte qu’ils ne viennent pas grossir trop vite la file d’attente du goulot d’étranglement. En effet, en venant grossir le bouchon, ils augmentent fortement leur temps de traversée. Le principe d’un bouchon est de fonctionner comme un accordéon. Lorsque le flux recommence à s’écouler, il faut du temps pour que cet écoulement se propage jusqu’à la fin de la file d’attente. Il y a un phénomène d’étirement qui se crée. Or, le temps de remise en route nécessaire vient s’ajouter au temps déjà perdu dans le bouchon, et fait que le temps de traversée global sera plus long pour chaque véhicule engagé.
Quels sont les effets d’un passage en flux tiré sur le trafic routier ?
Ce mode de raisonnement peut paraître contre-intuitif. Pour autant, il y a une réalité mathématique incontestable. C’est ce qu’explique notamment Yves Goujon, Président de l’Automobile Club du Forez dans cet article publié sur RadioScoop au moment de la mise en place d’une vitesse variable sur l’autoroute contournant Saint-Etienne.
En réduisant la vitesse des automobilistes, ceux-ci on l’impression de perdre du temps, alors qu’in fine, cela réduit le temps passé dans les bouchons, et donc le temps de traversée global.
Sur une ligne de production ou de réparation, il en va de même. Réduire le nombre de produits dans l’encours peut-être contre-intuitif, mais en fonctionnant de la sorte, on garantit un écoulement fluide, et au final on réduit le temps de traversée de la ligne par les produits. La méthode Conwip est une très bonne approche en la matière, et d’autant plus lorsque vous utilisez un outil de suivi tel SmartWip qui vous permet en plus de gérer les délais clients.
Appliqué au secteur hospitalier, la question se pose différemment. Il est principalement question de savoir comment dimensionner au mieux les équipes en fonction du flux (connu et anticipable) de patients, en respectant les contraintes légales et en prenant en compte des critères de bien-être au travail. C’est ce que fait Orchiday qui vous accompagne dans la création de vos plannings.
D’une manière générale, ce qu’il faut retenir, c’est que, dès lors que vous avez de la variabilité dans les contraintes qui s’imposent à votre flux, quel qu’il soit, tout au long de son itinéraire, une approche en flux tiré pourra vous aider à améliorer vos temps de traversée.